Le 8 octobre 2025 marque un vrai point de bascule : Stefanie Hubig, alors ministre fédérale de la Justice, déclare sans détour qu'il est inconcevable, du point de vue de l'État de droit allemand, de scanner aveuglément toutes les conversations privées. On ne peut pas accepter que tout un peuple soit placé sous suspicion généralisée, même sous couvert de protection de l'enfance. Cette prise de position puise dans la mémoire collective allemande où le secret des correspondances reste inviolable, après les dérives du siècle passé, d'après les données recueillies par Computing.
On ne peut pas ignorer le poids démographique allemand : près d'un cinquième des citoyens européens. Cela confère à Berlin une position clé au Conseil européen (majorité qualifiée). Avant même sa déclaration officielle, certains États comme la Pologne ou les Pays-Bas étaient déjà réticents face au CSAR. Mais quand l'Allemagne se joint à eux, cela suffit à bloquer toute avancée du texte, selon les chiffres publiés par Computing.
Pour bien comprendre le contexte et les dérives envisagées, vous pouvez relire notre ancien article sur le projet Chat Control, publié quelques mois avant ce tournant décisif.
Il y a eu du suspense : plusieurs semaines de tractations entre ministères allemands (Intérieur plutôt favorable, Justice fermement opposée), personne ne savait si Berlin allait trancher ou rester sur la réserve. Finalement, lorsque le choix est annoncé, c'est toute la mécanique institutionnelle européenne qui se retrouve bouleversée, d'après le rapport annuel de TechRadar.
Ce non catégorique n'a rien d'une posture nationaliste ; il s'appuie sur plusieurs piliers juridiques et techniques :
Même les avis juridiques émanant du Conseil européen ou du Haut-Commissaire aux droits humains ont soulevé ces risques.
Ce succès allemand doit énormément à la mobilisation citoyenne, rarement vue pour un sujet aussi technique ! Patrick Breyer (Parti Pirate) y voit même une victoire exemplaire : pétitions virales, campagnes relayées sur les réseaux ou via fightchatcontrol.eu... Les eurodéputés ont reçu des milliers d'interpellations directes ; comme le rappelle une enquête relayée par The Register.
Cette dynamique a fédéré ONG expertes (European Digital Rights), chercheurs reconnus et entreprises tech locales : plus de quarante sociétés ont signé ensemble une lettre ouverte mettant en garde contre les dangers économiques et démocratiques du projet. Politiquement impossible alors d'ignorer un tel mouvement transversal.
Dès que Berlin officialise son opposition, tout l'édifice européen autour du CSAR vacille : vote reporté par la présidence danoise début octobre 2025. D'après les résultats communiqués par Brussels Signal, douze pays soutenaient encore timidement le texte tandis que huit affichaient maintenant leur opposition ferme ; Luxembourg puis Estonie rejoignent Berlin après leurs propres débats constitutionnels.
C'est brutal : trois ans d'offensive réglementaire européenne stoppés net... Certains gouvernements revoient urgemment leur copie (Italie hésite ; Belgique se rallie aux opposants et parle d'un texte "envahisseur monstrueux", selon la note publiée par TechRadar).
Du côté des applications chiffrées comme Signal ou WhatsApp ? On souffle franchement ! Meredith Whittaker (Signal Foundation) remercie publiquement "l'Allemagne championne", tout en rappelant que nul n'est à l'abri d'une future tentative sous un autre nom, comme l'illustre le cas analysé par CyberNews.
Évidemment, les réactions sont contrastées... La France reste fidèle à sa doctrine sécuritaire ("protection des enfants avant tout"), alors que Belgique ou Italie deviennent nettement plus réservées voire franchement critiques, selon un dossier publié sur TechRadar.
En Europe centrale ou orientale ? C'est plus mouvant : Pologne opposée quoi qu'il arrive ; Estonie/Czechie/Słovénie passent du côté allemand alors que Slovaquie/Bulgarie/Lituanie restent prudentes... Il faut dire aussi que la communication entre capitales nationales et institutions bruxelloises laisse souvent à désirer, ce qui explique certains revirements inattendus ; l'observatoire de Euronews recense plusieurs exemples de ces repositionnements.
Honnêtement, difficile aujourd'hui d'anticiper avec précision comment ce dossier va évoluer... La présidence danoise veut croire à un compromis avant janvier 2026, mais soyons clairs : peu d'observateurs y croient vraiment tant les opposants comme l'Allemagne ou bientôt la Pologne restent inflexibles.
Peter Hummelgaard (ministre danois) va jusqu'à remettre publiquement en question "le droit universel au chiffrement", ce qui choque profondément ONG et militants européens ; selon une analyse relayée par Tuta. La Commission européenne refuse tout abandon symbolique tandis qu'activistes comme Patrick Breyer dénoncent déjà toute possible résurgence déguisée...
Côté logiciels ? Signal menace de retirer ses services si des lois contraignantes passent ; Meta (WhatsApp) prévient qu'il serait intenable de poursuivre avec un chiffrement amputé, selon les résultats publiés par European Newsroom !
Les ministres européens pourraient bien trancher lors du sommet prévu début décembre 2025... mais franchement, peu envisagent un renversement massif alors que même quelques retouches techniques ne suffiront pas à apaiser les lignes rouges fixées par Berlin ou Varsovie (bientôt majoritaire au Conseil), selon une publication signée Tuta. Seule alternative évoquée à Bruxelles ? Prolonger "l'ancien régime" laissant aux plateformes le choix de scanner volontairement, mais là encore, levée de boucliers immédiate parmi citoyens et défenseurs des libertés numériques, issue du rapport publié sur Patrick Breyer...
Trois issues restent envisageables :
L'Allemagne a joué un rôle de verrou décisif dans le processus européen, non seulement par son poids politique mais aussi par la solidité de ses arguments juridiques et techniques. Cette position a permis de fédérer une opposition transpartisane et citoyenne, démontrant que la protection du chiffrement et des droits fondamentaux peut encore primer sur les logiques sécuritaires. La mobilisation sans précédent, tant au niveau des ONG que des entreprises et des citoyens, a mis en lumière la capacité de la société civile à influer sur des dossiers complexes et techniques. Ce cas d'école pourrait inspirer d'autres mobilisations à l'avenir, notamment sur les questions de surveillance et de libertés numériques.
En substance ? Ce progrès repose sur la sauvegarde du chiffrement dit "bout-en-bout", véritable colonne vertébrale technique assurant confidentialité totale entre expéditeur et destinataire. Sans ce rempart ? La surveillance généralisée deviendrait banale ; les risques s'étendraient de l'espionnage industriel jusqu'aux atteintes graves aux libertés civiques...
Aujourd'hui WhatsApp protège plus de trois milliards d'utilisateurs, Signal environ soixante-dix millions... Pour journalistes indépendants/militants/professions sensibles c'est LA garantie contre pressions abusives ou divulgation illégitime, la base de données publiée par Wikipedia indique précisément ces niveaux d'adoption globaux.
Cet article a été rédigé avec Lüm, notre méthode éditoriale professionnelle nouvelle génération.
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